La rentrée littéraire à peine entamée, les jurys des grands prix littéraires d’automne, à commencer par celui du Goncourt, feront connaître dès cette semaine leurs premières sélections.
Le Goncourt ouvre le bal. Les dix membres du jury du prestigieux prix doivent communiquer leur sélection aujourd’hui 3 septembre. Ils seront suivis dès le lendemain par le jury du Renaudot. Le 9 puis le 11 septembre, ce sera respectivement au tour du Médicis et du Femina de sélectionner les ouvrages en lice pour les prix d’automne.
Environ 440.000 exemplaires pour un Goncourt
Un total de 524 romans, dont 336 romans français, parmi lesquels 82 premiers romans ont commencé à paraître ou sont attendus en librairie d’ici fin octobre. La première sélection du Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires du monde francophone, comportera quinze titres. Les quinze auteurs retenus seront de facto en lice pour le convoité prix Goncourt des lycéens même s’ils disparaissent des deux sélections suivantes.
Avec une moyenne de plus de 440.000 exemplaires vendus, le Goncourt des lycéens est devenu l’un des prix littéraires les plus appréciés des auteurs et éditeurs. Une récente étude de l’institut de marketing GfK signalait qu’un roman orné du bandeau rouge «Prix Goncourt» s’écoulait en moyenne à près de 400.000 exemplaires. Un Renaudot se vend en moyenne à plus de 220.000 exemplaires, le Femina à plus de 80.000 (couronné l’an dernier «Le lambeau» de Philippe Lançon, une des meilleures ventes de l’année 2018, a plus que doublé ce chiffre) et le Médicis à au moins 40.000 exemplaires. Les jurys du Médicis et du Femina ont la particularité de sélectionner également des titres étrangers.
L’heure d’Amélie Nothomb ?
Douze ans après avoir été sélectionnée par les Goncourt (c’était en 2007 pour «Ni d’Ève ni d’Adam»), la populaire Amélie Nothomb sera-t-elle de nouveau sur la liste des académiciens Goncourt? Son 28e roman, «Soif» (Albin Michel), dans lequel la romancière belge se met dans la peau de Jésus juste avant sa crucifixion, a plus que séduit le président de l’académie Goncourt, Bernard Pivot. «Amélie Nothomb survivait. Elle publiait depuis pas mal d’années, fin août, un roman sympathique et inoffensif (…) Et voilà que, stupeur et tremblements, hygiène de l’écrivain, Amélie Nothomb publie un roman ambitieux, original, âpre, dur, philosophique où elle se met en danger (…) Le livre est si inattendu et si réussi qu’il sera l’un des événements littéraires de la rentrée», a écrit Bernard Pivot dans sa chronique du Journal du Dimanche.
Le public est, quant à lui, déjà conquis. Selon le baromètre hebdomadaire Livres Hebdo/ GfK, publié vendredi, Soif est l’unique roman de la rentrée à faire son entrée dans le Top 20 des meilleures ventes de livres (tous formats confondus) et se classe d’emblée à la 2e place du palmarès. On guettera évidemment le nom ou l’absence de Yann Moix, couronné par le Goncourt du premier roman en 1996, dans la sélection du Goncourt. Son roman Orléans (Grasset) où il raconte son enfance douloureuse a déclenché une tempête médiatique. La seule certitude est que Yann Moix ne figurera pas dans la sélection du Renaudot, une récompense qu’il a déjà obtenue en 2013.
Rendez-vous début novembre
Parmi les romans qu’on peut s’attendre à voir sélectionnés, il y a «Les choses humaines (Gallimard) de Karine Tuil, «Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon» (L’Olivier) de Jean-Paul Dubois, «La tentation(Stock) de Luc Lang», «Une joie féroce» (Grasset) de Sorj Chalandon ou encore «Rose désert» (Gallimard) de Violaine Huisman.
L’an dernier, le jury présidé par Bernard Pivot avait placé cinq premiers romans dans sa première sélection. Cette année plusieurs titres mériteraient cet honneur. On peut citer pêle-mêle «Le bal des folles». (Albin Michel) de Victoria Mas (déjà récompensée par le prix Stanislas), «Une histoire de France» (Gallimard) de Joffrine Donnadieu ou «La chaleur» (Flammarion) de Victor Jestin, jeune auteur de 25 ans. Le Goncourt et le Renaudot seront décernés le 4 novembre.